Pépito vélo

Suite et fin d’une page culturelle abandonnée pour raisons de santé.

Fi du littoral portugais aux paysages grandioses, des lieux-clefs autour desquels s’est construite l’histoire européenne pour plusieurs siècles : le marché aux esclaves de Lagos, l’école de navigation de Sagrès etc… qui ont ouvert l’économie européenne sur d’autres mondes.

Un traitement sévère commencé dans l’urgence juste avant notre départ pour pallier à des problèmes cardiaques qu’il fallait prendre immédiatement à bras-le-corps d’après le cardiologue gapençais consulté a eu raison de ma résistance : à peine assez d’énergie pour l’intendance et l’aide à la conduite.

J’ai eu du mal à suivre mais j’ai suivi et attendu impatiemment l’étape qui se terminait à Lyon. Il était prévu qu’à partir de là, l’escorte de Pépito passe juillet et août en Ubaye avant de le rejoindre en Grèce. Je comptais sur ces deux mois de repos pour reprendre le périple. En l’absence d’amélioration, j’ai consulté en milieu hospitalier à Marseille. Fin des examens et du feuilleton le 14 octobre : erreur de diagnostic et de ce fait traitement inadéquat !

Mon corps avait de quoi se rebeller mes chers coéquipiers ! Mais Pépito est resté droit dans ses bottes ou plutôt sur ses pédales et c’est cela l’essentiel !

Repos des 4 & 5 juillet

chez mon fils Jérémy à Lyon

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Sixième et septième jour de repos depuis le départ

Etape précédente                                                                                       Etape suivante

(Etape 56)                                                                                                   (Etape 57)

Le billet de Pépito

Repos 6 et 7 des 4 et 5 juillet 2014 à Lyon.
Après 56 étapes, 6425 km avec une moyenne de 114 km par jour et 6000 m de dénivelé monté (1300m par jour en moyenne) 8600 calories de brûlées et 10 kilos en moins sur la balance et un million de coups de pédales, 600 heures passées sur le vélo, me voilà au tiers-temps à Lyon pour un repos de deux jours.
En fait, j’ai passé le vélo chez le toubib pour une révision complète car il commençait à « crinquegrailler » (nouveau mot à intégrer dans le vocabulaire vélociste) qui pourrait vouloir dire que les éléments d’entraînement : chaîne, pédalier, roue-libre, dérailleur, plateaux, manivelles, pédales, craquent, crissent, grincent avec un bruit de ferraille rouillée ou qu’une bestiole est en train de les grignoter. Tout cela à la fois : « mets de l’huile ! »
J’en ai profité pour mettre la roue arrière avec des rayons renforcés que mon assistance m'a fait suivre jusqu'à Lyon, changer le câble de la fourche avant lequel arrivait en fin de vie et mettre des plaquettes de frein neuves pour éviter de devoir freiner avec les pieds, enfin de quoi repartir tranquille dimanche 6 juillet pour de nouveaux horizons vers l’Est de la France.
Le but est de rejoindre Bâle, puis, par le long du Rhin et du Danube par l’Allemagne, quelques morceaux en Suisse, Autriche et la Hongrie. La reprise du trafic se fera par Guy sur Internet et Dany sur Facebook et vous pourrez toujours suivre la progression sur le site tant que les réseaux le permettront.
Pour ce qui est du cycliste, nul besoin de révision, mon coach Jérémy Lajoumard, m’a donné quelques détails pour récupérer et j’ai bullé au bord de la piscine en pensant aux Caraïbes, tout en reconditionnant ma remorque pour la suite.
Au fait, pour toutes celles et ceux qui avaient des doutes sur ma capacité à aller au bout de ce projet, peine perdue car je n’ai pas l’intention d’abandonner quoiqu’il arrive sauf problème de santé ou ennui mécanique grave.
Voilà chers amis, que tout le monde se rassure, je repars de bonne heure et de bonne humeur !
Coup de chapeau à Guy qui alimente le site et à ma femme Danièle qui va continuer à me suivre de loin et à m’encourager !

Beaucoup moins d'énergie cette fois-ci car nous nous transformons en travailleurs de force tous les matins et tous les soirs pour vider et remplir un véhicule qui regorge des mille et une choses qui permettent d'affronter toutes les éventualités.
Le littoral andalou ne nous a pas surpris avec ses forteresses visant à tenir en respect l'ennemi musulman:elles sont fermées au public mais on peut s'y faufiler, elles sont toutes sur le même modèle et toutes le fait des saints qui les ont financées.

Intérieur de la forteresse de San Felippe		Intérieur de la forteresse de San Felippe

Le parc du Cabo de Gata, saisissant de beauté s'est vu refuser le label de parc national à cause de l'existence d'une existence de dessalage de l'eau de mer,mais le statut de parc naturel permet néanmoins de préserver le patrimoine naturel, bâti et ethnographique.
A Cortijo del Fraile, avec l'aide européenne est maintenue vivante une agriculture qui a su tirer parti du vent, des maigres ressources en eau tout en préservant l'organisation sociale structurée autour des puits.

Texte

Une réserve d'eau		Des serres à perte de vue

De quoi donner à réfléchir si l'on compare avec l'agriculture industrielle galopante dans cette région d'Espagne: serres à l'infini qui défigurent le paysage,quelques silhouettes furtives de travailleurs immigrés qui rejoignent les cabanes entre les bâches qui leur tiennent lieu d'habitation. Le camping où nous avons passé une nuit, créé en  1973, classé en catégorie supérieure du fait, entre autres, de sa situation en bordure de plage, est maintenant encerclé par ces constructions de fortune et la route qui borde la plage construite pour les camions qui emportent les légumes.
Dans la zone des collines où s'étendent les vergers, les bassins de rétention d'eau construits avec de la terre compactée et l'aide européenne pourront-ils résister au ravinement en cas de grosses pluies?
Cet aménagement du territoire, peut-être à marche forcée, n'en rend que plus précieux les parcs qui sont nombreux.Nous avons particulièrement remarqué les lieux vecteurs de rêve où nous retrouvons les romans de Lorca, les scènes de western qui ont bercé notre imagination. Des professionnels du tourisme comme l'hôtel savent très bien jouer cet atout-là.

Village de Bodas de Sangre de Lorca

Autre merveilleuse surprise aux confins du parc national de Donana: El Rocio,lieu de pélerinage marial de toute première importance, mais peu connu hors d'Espagne car il ne concerne que les pèlerins des villages environnants qui y viennent à cheval en charette ou à pieds. L'absence de goudron, de signalisation, de trottoirs crée une atmosphère étrange, surtout le soir.

A Roses, l'omniprésence des expli-cations exploitables seulement par smartphone nous prive des rensei-gnements recherchés, mais notre guide fait de son mieux pour nous dire ce qu'elle considère essentiel  : l'attractivité de la crique, les colonisations successives par les Grecs, les Romains (à deux reprises) mais elle conteste la construction d'une forteresse par Charles Quint pour protéger la ville des pirates sarrasins et français (source Wikipédia). Restée à l'état de projet selon elle,

          Alors que la documentation française présente cette jolie presqu'île comme le dernier refuge de l'antipape Benoît XIII élu par les cardinaux d'Avignon et déposé par le concile de Constance, pour les Espagnols le château-forteresse construit par les Templiers est le troisième siège papal de la chrétienté aux côtés de Rome et d'Avignon et il fut déclaré monument historique d'importance nationale en 1931.

          Voilà qui prête à réflexion sur la mise en perspective des données historiques et les intérêts qu'elle peut servir.

          Nous abordons ensuite la partie montagneuse de la région de Valence, la plaine et les grands axes routiers faisant fuir le cycliste. Dans des bourgades dominées par un promontoire,comme Chulilla et beaucoup d'autres, omniprésence de sites défensifs arabes arrachés par les rois catholiques, comme le prouvent l'architecture et les matériaux utilisés mais les toponymes commençant par Al témoignent de l'importance de l'empreinte arabe.
          A dans une dizaine de jours, à l'occasion du prochain repos du cycliste, ce qui nous permet de poser nos valises deux soirs de suite et de ne pas penser qu'aux problèmes matériels du lendemain !

Notre objectif est de signaler quelques centres d'intérêt perçus au cours de visites toujours trop courtes prises sur un temps nécessairement dévolu à la gestion du quotidien et de nous souvenir de quelques remarques faites in situ.

A Fontvieille, notre intention était de nous consacrer aux deux aqueducs romains qui portaient l'eau de la « vieille source » à Arles et alimentaient le moulin hydraulique de la meunerie de Barbegal mais nous avons été captivés par l'évocation de la vie de Daudet présent partout ici, A l'office de tourisme quelques précisions sur le projet européen « leader » engagé par la ville, dont les fonds sont consacrés à l'élaboration d'un cahier des charges à l 'intention des acteurs économiques du coin pour que ne soient pas compromises des découvertes archéologiques qui ont un long avenir.

Aux Baux, le musée des santons illustre la différence de facture entre santons provençaux et santons napolitains : biscuit et terre fine pour ces derniers,ce qui permettait des formes et des postures quasiment baroques. A remarquer des personnages de la crèche élaborés par des carmélites au XIX siècle portant la croix de Malte! Enfin pour ce qui est de l'étymologie du mot crèche : ici en provenance du Celte « krippe », ailleurs en provenance de Crescio en Ombrie.

A Crescio St François a donné corps à la première crèche vivante. A l'hôtel de ville exposition présentée par la Maison de la photographie marocaine où l'on remarque un incroyable cliché de bains marocains datant de 1880 où se voient sur les visages des femmes et des enfants présents l'incompréhension et la frayeur. Pour visiter Arles, nous avons dû fausser compagnie à notre cycliste pour 24 heures mais cela nous a permis de faire deux visites qui nous ont comblés :

1 - Le musée départemental de l' Arles antique bien signalé pour les automobilistes avec parking et tables de pique-nique. Bâtiment triangulaire qui affiche une poétique ou une symbolique des couleurs et des lignes épurées : un mur bleu, un blanc et un rouge. L'extension réalisée à la hâte pour 2013 (Marseille-Provence capitale européenne de la culture) afin d'abriter le chaland romain a donné lieu à un contentieux entre l'architecte et le Conseil Général. L'importance de la Rome des Gaules au carrefour de trois voies romaines y est parfaitement illustrée et l'évocation de la vie quotidienne et du travail dans ce port à la fois maritime et fluvial est particulièrement émouvante. Un musée où les choses deviennent parfaitement limpides pour tous ; des visites sont organisées en L.S.F. (Langue des Signes Française). Ce F permet pourtant de prendre conscience de l'exclusion liée au handicap. L'aventure archéologique d'Arles a été médiatisée par la National Geographic Society qui avec ses publications et sa chaîne de télévision touche 360 millions de personnes dans le monde : http://ngm.national geographic.com.

2 - La fondation Van Gogh (à ne pas confondre avec l'espace Van Gogh pour qui est dans l'obligation de consulter le plan de la ville) 35 rue du Docteur Fauton. L'exposition « Van Gogh live » ou comment Vincent est venu à Arles pour découvrir la couleur et devenir Vincent Van Gogh . Neuf toiles prêtées par le musée Van Gogh d'Amsterdam aux côtés d'oeuvres de Gauguin, Corot,Monet, Courbet qui permettent de comprendre le cheminement chromatique de Van Gogh « des couleurs du Nord aux couleurs du Sud ».

Une convention passée avec le musée d'Amsterdam permettra que pendant quatre ans soit exposée au moins une œuvre de l'artiste en permanence dans une ville où il n'a séjourné que quinze mois mais réalisé cent quatre- vingt toiles. Une solution pour une ville où il ne reste matériellement plus rien, suite aux destructions de la guerre, de ce qui a inspiré Vincent : ni le pont de Langlois, ni la maison jaune ni le café de la nuit.
Et après ces moments de bonheur, direction Vendres port du Chichoulet où nous attendait le président de la communauté de communes la Domitienne

A bientôt sur ce site pour vous faire part de nos coups de coeurs et de nos surprises.